Ça fait neuf mois environ que je me suis lancée dans le grand jeu généalogique, et je rencontre mon premier mystère : Pierre Rissoto, mon arrière-arrière-grand-père paternel, a disparu de la circulation. J’avançais jusque-là très tranquillement dans cette branche de la famille installée dans le Rhône grâce aux archives départementales en ligne, bien fournies. Pour chaque individu, un acte de naissance, un acte de décès, un acte de mariage, la liste des enfants était à portée de main. J’ai pu remonter ainsi la lignée paternelle des Rissoto jusqu’à un certain Joseph, né vers 1770 en Italie. Il faudra que je fouille les archives italiennes pour aller plus haut, mais je ne sais pas encore le faire. Ça sera une autre histoire…

Mais dans cette chronologie bien ficelée, une date me manque : le décès de ce Pierre. Perplexe devant l’absence de cet acte, j’ai fouillé dans sa vie plus intensément que dans aucune autre, et j’ai paradoxalement l’impression de le connaître mieux que le reste de mes aïeux. J’aime bien ce sentiment.

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Pierre est né le 25 décembre 1873 dans le 1e arrondissement de Lyon. Cette chouette date de naissance explique sans doute le deuxième prénom qu’on lui a donné… Pierre Noël ! A presque vingt-quatre ans, Pierre s’est marié à Jeanne Boust, une jeune femme originaire de Chasselay, un patelin juste au nord de Lyon. Il était temps… car la petite Marie-Louise était en route depuis six mois déjà ! Elle naît en décembre 1897 et son petit frère, Henri, pointe son nez dix-huit mois plus tard. Deux enfants, et la fratrie est complète. Qu’a donc fabriqué Pierre Noël ensuite, à part se laisser pousser une barbe blanche ?

Chercher la dernière trace de vie

Voilà mon premier indice : Jeanne Boust meurt le 18 février 1945 et son acte de décès indique qu’elle est «veuve de Pierre Noël Rissoto». C’est donc qu’il est mort avant elle ! J’ai une date «maximum» pour mes recherches. Quand à la date minimum, je la situe pour l’instant au 26 septembre 1925, car l’acte de mariage de sa fille Marie-Louise ne précise pas qu’il est défunt. Entre 1925 et 1945, donc. Pour continuer l’enquête, il me faut maintenant suivre les déplacements de la famille dans les recensements de population.

Domiciles des Rissoto-Boust à Vaise (Lyon 5e)
Domiciles des Rissoto-Boust à Vaise (Lyon 5e). Carte OSM

J’ai ainsi trouvé la petite famille Rissoto au 1 rue Roquette, dans l’ancienne commune de Vaise. A cette époque, le quartier appartient au 5e arrondissement. La petite famille y est au complet entre 1906 et 1921, puis les deux enfants se marient et quittent le domicile parental. Pierre et Jeanne se retrouvent en duo, comme au bon vieux temps, au recensement de 1926.

Mais au recensement suivant en 1931, les Rissoto ne sont plus rue Roquette. Je n’ai pas dû chercher bien loin pour retrouver Jeanne Boust : elle habite désormais rue Saint-Pierre de Vaise, à quatre rues de là… mais elle vit désormais seule. Où est passé Pierre ? Est-il déjà mort ? J’ai envie de le croire, car on se séparait moins facilement qu’aujourd’hui en 1930. Mais il n’est pas impossible que Pierre Noël ait pris la poudre d’escampette, soit allé s’occuper d’un parent malade dans un village du Rhône, ou fait un déplacement professionnel temporaire qui l’aurait fait louper le recensement.

Aujourd'hui au 39, rue Saint Pierre de Vaise.
Aujourd’hui au 39, rue Saint Pierre de Vaise.

En 1936, le mystère s’épaissit : je perds de vue Jeanne aussi. Elle n’est plus rue Saint-Pierre de Vaise. Pourtant, elle y est revenue en 1945, comme l’indique son acte de décès. Se pourrait-il que Pierre ait trouvé un logement ailleurs dans le quartier, ou dans la ville, et que Jeanne l’y ait rejoint quelques années avant de revenir finir sa vie dans la rue familiale (sa fille Marie-Louise s’y est installée) ? Boule de gomme…

Bilan

De ce que j’en sais, Pierre est donc mort entre 1926 et 1945. J’ai cherché cet événement dans les tables décennales des décès survenus à Lyon, dans tous les arrondissements et aussi à Saint-Rambert-l’Ile-Barbe. J’ai cherché dans le village de ses parents, à Chessy, et chez les beaux-parents à Chasselay. J’ai découvert l’existence des archives des convois funéraires de Lyon, et il en est absent aussi. Il faut peut-être que je regarde dans les archives de la banlieue lyonnaise, des fois qu’il soit mort dans un hôpital proche. A part ça, je n’ai pas d’idée… Il faudrait que je trouve d’autres sources d’information, je suppose. On ne disparaît tout de même pas comme ça au XXe siècle !

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